Alain Damet, régisseur général régulièrement engagé par la municipalité de Néris-les-Bains (Allier), accueille une compagnie de théâtre et la met en lumière.
Néris-les-Bains. Peu avant 14 heures. Il sort une clé de sa poche, ouvre la porte du théâtre André-Messager et entre. Il fait face à la scène. Seul, dans le silence. Il contemple la scène, vide. Alain Damet, régisseur général free-lance, est régulièrement engagé par la municipalité. Il est l’homme de l’ombre qui accueille, met en lumière et en son les spectacles produits au théâtre. « Je suis le trait d’union entre les services et les artistes », souligne t-il. Ce samedi, il attend la compagnie Les Mandarins, installée à Huriel. Composée de dix comédiens, elle interprétera « Ma femme est folle ! » de Jean Barbier. Un vaudeville en deux actes.
Installation des décors
Les comédiens arrivent avec leur décor. Alain Damet les guide pour l’installer sur le plateau, « la partie émergée où tout se joue », visible du public. « Le plateau a deux côtés, précise le régisseur. Le côté jardin et le côté cour. Ce dernier se trouve du côté du cœur lorsque les artistes sont faces au public. » Le spectacle visant dispose de son propre langage. « C’est ce qui nous rassemble », indique Alain Damet.
Un passage entre les rideaux côté cour, donne accès à l’arrière-scène. Les acteurs effectuent la mise en place des costumes et accessoires. Sur les marches d’un escabeau, trois polos posés. Sur une table, une enveloppe, des dossiers… « Nous avons trois changements de costumes, remarque Pascal Mys, comédien. Et trois minutes pour nous changer à chaque fois. » La compagnie remet son plan de feu au régisseur. « Il faut rester à l’écoute, admet Alain Damet. Faire le chemin vers l’autre pour comprendre ses attentes. » Depuis le plateau, il lève la tête, vérifie les cintres, un système de perches portant des projecteurs. Puis il monte au deuxième étage où est installé la régie. « Le cerveau technique, s’amuse le régisseur. C’est d’ici que se pilotent la lumière et le son. » Sur une table, plusieurs consoles.
Les artistes lui ont demandé un plein feu. Il allume les projecteurs et, à l’aide de manettes pour ne pas se brûler, les orientes vers l’espace scénique pour obtenir l’effet voulu. « La lumière ne doit pas baver, commente-t-il. Le cadre de scène doit être propre. » Il effectue des réglages depuis la console « pour un plein feu plus chaud, plus froid, dans l’intensité. » Il chasse les ombres. Il enregistre ses réglages. « La lumière est l’écrin dont l’artiste est le bijou. » Il écoute l’enregistrement numérique de sons que lui a remis la compagnie. Il les équilibre. « Le bruit de la chasse d’eau doit sembler venir de plus loin, car les toilettes ne seront pas visibles des spectateurs. » Il éloigne, rapproche, les sons, programme ses réglages sur la console. Il est prêt pour l’essai des tops. Une comédienne, qui ce soir là officiera en qualité de technicienne, s’assoit près de lui.
Dans la régie
Elle suit le déroulé de la pièce. « Dans cinq secondes, top noir », murmure-t-elle. Et cinq secondes plus tard lance : « Noir ». Alain Damet pousse une commande de la console et le noir tombe sur la scène. Ensemble, ils testent tous les tops éclairages et sons.
Les comédiens se réunissent dans la loge, côté cour. Ils dînent. Puis Jean-René Lioret s’isole. Sophie Dehoule relit son texte. « Ça me rassure. » Pascal Mys marche en bord de scène. 18h45. Les artistes se maquillent, enfilent leur costume.
Alain Damet rejoint la régie. À 19h30, les portes du théâtre s’ouvrent, le public entre. Une heure plus tard, le régisseur actionne la commande du lever de rideau. Il sait qu’il n’habitera pas les pensées du public lorsqu’il applaudira. C’est après la représentation, lorsque les spectateurs auront quitté la salle que l’homme de l’ombre de plénitude qui suit « une mission bien accomplie ». Il sourit.